Damné: L'héritage des cathares près de chez vous

1185. Venu au monde le visage voilé (c'est-à-dire sans que la poche des eaux n'ait été rompue), le futur seigneur Gondemar de Rossal est ostracisé dès la naissance par des villageois engoncés dans leurs superstitions qui voient en lui l'oeuvre du Malin. Les efforts de son maître d'armes, le templier défroqué Sire Bertrand de Montbard, échouent à faire de lui un homme d'honneur, si bien que la haine et la soif de vengeance qui grondent en lui depuis le berceau l'expédient droit en enfer l'année de sa majorité. Dans les abîmes glacials où il est condamné à passer l'éternité, le damné reçoit la visite de l'archange Métatron, qui lui propose un marché. Pour sauver son âme, il reviendra d'entre les morts afin de protéger la Vérité et l'empêcher d'être détruite jusqu'au moment où l'humanité sera prête à la recevoir. Pour connaître la nature de cette Vérité, il devra marcher vers le Sud, emboîtant le pas aux Templiers lancés à l'assaut des Cathares par le pape Innocent III... Histoire, religion et fantastique sont amalgamés dans cette intrigue proposant une nouvelle variation autour d'un pouvoir épiscopal mis en péril par des informations sauvagement protégées par les membres d'une organisation secrète, ici l'Ordre des Neuf. Narré d'un ton solennel et froid qui sied parfaitement au propos très cru, le récit (nourri de la connaissance érudite de l'auteur, historien de formation) dresse un portrait sans concession de l'atmosphère qui régnait à l'époque des Croisades, n'épargnant à ses lecteurs aucune des bassesses auxquelles se livraient les chevaliers exempts d'honneur, dont les pulsions sexuelles et vindicatives étaient assouvies à coup de viols, de tortures, d'éviscérations et d'autres combats sanglants. Aussi, bien que l'éditeur destine cette nouvelle saga aux adolescents de quinze ans et plus, le traitement réservé aux thématiques exploitées (comprendre la violence et les sentiments haineux omniprésents auxquels se mêlent des considérations ésotériques que le Mal et la Lumière) conduit plutôt à la réserver à un lectorat adulte à même de prendre du recul face à l'horreur présentée. [SDM].